DÉCLARATION : La lutte contre le harcèlement sexuel au travail doit être renforcée au BENIN !
DÉCLARATION La lutte contre le harcèlement sexuel au travail doit être renforcée !
La Loi 2006-19 du 5 septembre 2006 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin, est entrée en vigueur depuis plus de quinze années. Par ailleurs, la Loi N°2018-16 du 28 décembre 2018 portant code pénal en République du Bénin a prévu et puni le harcèlement sexuel, le viol et les infractions assimilées en ses articles 548 et suivants en les classant dans les infractions constitutives d’attentats aux mœurs.
De nombreuses actions de sensibilisation et de vulgarisation sont organisées aussi bien par les Gouvernements successifs, que par les Organisations de la société civile soutenues par les Partenaires techniques et financiers. Malgré ces différentes actions, le harcèlement sexuel perdure de plus en plus, tant en milieu scolaire, universitaire qu’en milieu professionnel et touche aussi bien les enfants, les jeunes filles et femmes adultes.
Les derniers évènements qui défraient la chronique depuis le 1er mai, fête du travail et le 3 mai, journée de la liberté de presse, montrent à suffisance que la problématique du harcèlement sexuel en milieu de travail reste une réalité́ prégnante de notre société. Le milieu de la presse nous offre aujourd’hui l’occasion de comprendre que le travail de sensibilisation et de répression demeure entier. En l’absence de statistiques, il est aujourd’hui assez difficile d’apprécier l’ampleur de la situation. Mais l’on peut observer que des voix se lèvent de tous les secteurs pour dénoncer les actes de harcèlement sexuel dont sont victimes beaucoup de femmes, célibataires ou mariées, réduites au silence par les pesanteurs socioculturelles.
Le titre de la Loi de 2006 est évocateur de la tâche qui attend tous les acteurs, celles de protéger les victimes qu’on retrouve dans tous les secteurs d’activités, public et privé.
Les dénonciations faites par certaines journalistes nous interpellent d’abord en tant que parents, mais aussi et surtout en tant que défenseurs des droits humains, sans discrimination aucune.
Le harcèlement sexuel porte gravement atteinte aux bonnes mœurs et aux droits humains, notamment : les droits sexuels et de reproduction, le droit à l’intégrité physique et morale, le droit à la dignité, le droit à l’éducation, le droit au travail, etc…
Par cette déclaration, nous, organisations de la société civile, juristes, avocats, militants des clubs de service :
- Apportons notre soutien franc aux courageuses femmes qui ont osé rompre le silence pour dénoncer publiquement, à visage découvert avec tous les risques de menaces et d’intimidations, les auteurs tapis dans l’ombre de leur administration et comptant sur leurs pouvoirs et relations ;
- Dénonçons toutes les tentatives visant à intimider les victimes et témoins, à détourner l’attention avec des mots de dénigrement et à présenter les victimes comme des complices de ces actes constitutifs de délit et de crime;
- Disons que l’exercice de la liberté d’expression de la femme à travers son mode vestimentaire et sa jovialité ne saurait excuser ni justifier un acte de harcèlement sexuel ou de tous autres actes de violence envers elle.
- Attendons du Gouvernement notamment du Ministère de la justice, du Ministère en charge de la Communication, du Ministère du Travail, du Ministère en charge de la promotion de la femme en lien avec tous les autres ministères concernés, de prendre les dispositions nécessaires à la mise en place dans les plus brefs délais d’un mécanisme efficace et opérationnel de protection pour les femmes victimes de harcèlement sexuel, à la protection des témoins et à leur accompagnement psychologique;
- Recommandons au Gouvernement d’organiser le renforcement des capacités en matière de lutte contre les violences basées sur le genre et d’appropriation des textes au profit de tous les acteurs de la chaîne pénale, depuis les officiers de police judiciaire jusqu’aux magistrats sans oublier les autres personnels et différents partenaires de la justice.
- Rappelons aux Associations professionnelles des médias qu’elles ont la première responsabilité en matière de défense et de protection des droits de leurs collègues journalistes, toutes catégories confondues.
- Plaidons pour la prise des décrets, arrêtés, et autres mesures institutionnelles permettant une application effective des lois protégeant les femmes et les enfants,
- Exigeons instamment des responsables des différents organes de presse indexés par les informations qui circulent, de mettre en place les procédures d’investigation internes à leurs organes et à leur corporation pour faire toute la lumière sur ces affaires.
- Sollicitons l’Association des Femmes Avocates du Bénin, l’Ordre des Avocats du Bénin, l’ensemble des Organisations syndicales du Bénin, les Organisations professionnelles du secteur de l’artisanat, les Organisations du patronat et tous les hommes et toutes les femmes épris de paix et de liberté à apporter leur soutien juridique et judiciaire aux femmes « donneurs d’alerte » de l’administration en général et du milieu de la presse en particulier;
- Comptons sur le sens d’écoute et de grande responsabilité du Président de la République, afin qu’une suite appréciable soit réservée à notre cri de cœur.
Cotonou, le 4 mai 2020
Contact presse
Groupe d’Action pour le Progrès et la Paix (G.A.P.P.-Afrique) www.gappafrique.org / gappafrique@hotmail.com / Tél. +1 819 880 0335 ou +229 95 65 97 97
Signataires
- FAWE /BENIN
- Fondation Regard d’Amour
- Initiative pour le combat contre les Violences Faites aux Femmes
- Soroptimist International, les Clubs du Bénin
- Blanche SONON, Social Watch Bénin
- Marie-Élise GBÈDO, Avocate, Association des Femmes Juriste du Bénin (AFJB), ancienne Ministre de la justice et Ministre du commerce
- Alexandrine SAIZONOU BEDIE, Avocate, Membre de la Commission Béninoise pour les Droits Humains (CBDH)
- Hermann NOUNAWON KÉKÉRÉ, Administrateur pour l’Afrique du Groupe d’Action pour le Progrès et la Paix (GAPP-Afrique)
- Annick Adjilé AGBIDINOUKOUN, RIFONGA-BÉNIN
- Françoise SOSSOU AGBAHOLOU, Coordonnatrice Nationale de WiLDAF/Bénin
- Marina MASSOUGBODJI, Professeur de médecine, ancienne Ministre de la Santé
- Francis DAKO, Avocat
- Amissétou AFFO DJOBO, Femme politique, ancien Député
- Vicentia BOCO, Professeur de médecine, ancienne Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
- Josiane TOSSOU, Femme politique, ancien Député
- Fernand AZONNANON, ONG MIGRATION ET DÉVELOPPEMENT
- Lamine CISSÉ, Union des Ressortissants de la CEDEAO (UR-CEDEAO)
- Abdel Aziz G. AKAMBI, Coordonnateur FODDEB-Littoral
- Léa HOUNKPÈ, ancienne Ministre des affaires sociales,
- Ramleg GANDAHO, ONG Changement social,
- Germain Olivier KITI, militant des droits humains
- Parfait HANKAN, activiste des droits humains.
- Raoul DOSSA, GRAF ONG
- Claudette AFANTOHOU, ONG « Œil d’aujourd’hui »
- Houetehou C. Franck HOUNSA, ONG Divine Connexion Worldwide
- Joseph GLÈLÈ, Coalition des Défenseurs des Droits Humains du Bénin
- Marie-Laurence SRANON ancienne Ministre des Affaires Sociales
- Abdel Rahman OUOROU BARE, Fédération handisport du Bénin
- Christiane TABELE OMICHESSAN, ancienne Ministre des travaux publics et des transports
- Claudine LAWSON DAIZO, ONG LA CHRYSALIDE
- Fatoumatou BATOKO ZOSSOU, Actrice de la Société Civile
- Blandine SINTONDJI, ONG REPSFECO
- Pacôme AKOGOU, activiste des droits humains
- Sofiath Onifade BABAMOUSSA, Femme politique ancienne Ministre
- Wilfried GOUDOU, Ancien président de Amnesty International Bénin
- Ridwane MOUSSEDIKOU, ONG : AIDONS À VIVRE CONTRE LA FAIM ET LA MISÈRE
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