Projet: Appui à la Lutte contre les Violences faites aux femmes au Mali.

Les 16 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes ont lieu chaque année dans le monde, en Afrique et particulièrement au Mali, du 25 novembre, journée internationale contre les violences envers les femmes, décrétée par l’ONU. Malgré des tentatives d’efforts à encourager, beaucoup de travail reste à faire pour que l’égalité de droit stipulée dans les textes devienne l’égalité de fait tant attendue. Selon l’OMS, Les femmes représentent encore près de 85% des victimes de violence conjugale et plus de 95% des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle. Seules 22% des victimes de violence conjugale et 5% des victimes d’agressions sexuelles portent officiellement plainte. Une femme sur trois vivra de la violence au cours de sa vie, deux sur trois si elle est en Afrique.

Les violences faites aux femmes sont un fléau qui touche l’ensemble de la société malienne et il est souvent passé sous silence en raison de normes sociales profondément ancrées, de discours religieux, et du peu de courage de l'élite politique face à une question qui divise tant.

Les données officielles sur les violences faites aux femmes sont rares au Mali, et les chiffres spécifiques sur la violence domestique et conjugale encore plus. Cela témoigne de la faiblesse des capacités statistiques du pays dans tous les domaines. Mais c'est aussi un indicateur de la faible importance accordée aux questions touchant les femmes, à commencer par les violences sexistes. Le peu de données disponibles, y compris par le biais des mécanismes de suivi de la protection humanitaire, met l'accent sur les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits. Cette dimension est importante, au vu de la crise multidimensionnelle qui touche le Mali, mais le problème des violences faites aux femmes va bien au-delà. Selon l’ONG international Women in Law and Development in Africa (WILDAF), en 2017 au Mali, 85 % des cas de violences faites aux femmes documentées par l'ONG relevaient du cadre familial. En 2018, une enquête démographique et de santé menée par l’Institut national de la statistique du Mali révélait qu’une malienne sur deux âgées de 15 à 49 ans avait déjà subi des violences physiques ou sexuelles. Le même nombre de femmes a également fait face à des violences émotionnelles, physiques et/ou sexuelles lors d’une rupture. D’après la même enquête, 79 % des femmes et 47 % des hommes estiment normal et justifiable la violence conjugale envers les femmes.

Les organisations de femmes ont toujours dénoncé l’ampleur de cette pratique aux formes diverses. Malgré leurs appels répétés aux réformes, peu de progrès ont été réalisés pour améliorer le cadre national de protection de la vie et des droits des femmes. En 2019, un avant-projet de loi contre les violences faites aux femmes, émanant des organisations de femmes et d'autres organisations de la société civile, n'a pas été adopté, notamment à cause des pressions exercées par de puissants groupes religieux. Pour beaucoup, ce rejet avait un goût de déjà-vu : en 2009, l'Assemblée nationale avait adopté un code de la famille qui tendait vers une amélioration des droits des femmes et plus d'égalité des sexes. Mais cette loi n'a jamais été promulguée par l'exécutif. Au lieu de cela, les pressions exercées par les groupes religieux ont conduit le pouvoir exécutif à renvoyer le texte devant l’Assemblée. La version signée par l'exécutif deux ans plus tard évacuait toutes les dispositions progressistes pour les droits des femmes.

En l'absence d'une loi spécifique contre les violences faites aux femmes, les possibilités dont disposent les victimes pour réclamer justice sont limitées. D'autant plus que la société applique un lourd tribut de stigmatisation à celles qui osent parler. De surcroît, aucun facteur dissuasif ne va à l'encontre des auteurs de violences. L'adoption d'une loi constituerait une avancée significative pour combattre l’impunité, mais dans le contexte actuel du Mali, cela n’est pas pour bientôt.

Devant ces constats, afin de contribuer à soutenir les organisations de femmes, les leaders féminins et les victimes, GAPP-Mali pense qu’une lueur d’espoir pourrait venir des hommes qui sont souvent écartés des actions de plaidoyer et de sensibilisation. De nombreuses stratégies ont favorisé la stigmatisation des hommes face aux violences faites aux femmes. Dans la plupart des cas, ces hommes sont aussi victimes d’un système éducatif rempli de violence envers la femme qui se perpétue de génération en génération. Certes, les femmes doivent être continuellement sensibilisées mais il est temps qu’une autre approche complémentaire soit mise en œuvre. Elle consiste à associer les hommes des secteurs professionnels les plus populeux du Mali. Il s’agit des conducteurs de taxi. Non seulement les hommes peuvent être des alliés dans le combat contre les violences faites aux femmes si nous utilisons l’approche intersectionnelle en associant les couches masculines de la classe moyenne dont les conducteurs de taxi. Le secteur du transport urbain et de l’artisanat est un milieu essentiellement masculin. L’objectif est de réunir des conducteurs de taxi afin de favoriser une discussion sur le travail à effectuer collectivement pour contrer les violences envers les femmes, de créer des réseaux et d’affirmer la volonté de tous de mettre fin à ces violences. Il s’agit d’une conversation conviviale entre hommes, dans le but d’amorcer des pistes de solution pour mettre fin à ce fléau. Les violences ne sont pas une « affaire de femme ». C’est une calamité qui affecte la société entière, et sur laquelle les hommes doivent avoir un impact déterminant.

C’est dans ce contexte et pour ces raisons que GAPP-Mali, a conçu le présent projet dénommé « Appui à la Lutte contre les Violences faites aux femmes au Mali ».

Notre méthodologie consistera à :

  • d’abord identifier des responsables des associations socioprofessionnels des conducteurs de taxi des différents parcs de stationnement et de regroupement des taxi moto, taxi auto et minibus de la ville de Bamako. Nous sélectionnerons dix (10) responsables capables de suivre une formation.

Un atelier de formation sera organisé pour ces responsables sur tous les aspects de la lutte contre les violences faites aux femmes. L’atelier permettra d’aborder plusieurs questions, tant sur la prévention, la sensibilisation, l’intervention, le dépistage ou encore le soutien. Les associations féministes du Mali seront fortement associées à cet atelier afin de créer une passerelle de capacité à travailler ensemble des deux acteurs. Des outils de travail seront mis à la disposition des acteurs pour renforcer des partenariats entre les hommes comme alliés et les associations féministes du Mali.

  • ensuite, ces responsables formés, organiseront, avec le soutien logistique et financier de GAPP-Mali des séances d’information et de sensibilisation de leurs collègues. Il s’agit d’outiller les responsables pour être des relais par les paires.
  • Enfin, il y aura une campagne publique de collage d’auto-collants sur les moyens roulant avec le message suivant : « Je suis HOMME, Je suis un allié pour les FEMMES dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Et toi, fais comme moi ». Ce message sera en Français et en Bambara.
Le résultat souhaité est de convaincre 5 000 usagers de la route à coller une affichette sur sa moto, son taxi ou son minibus.

Objectif général

Réunir des hommes afin de favoriser une discussion sur le travail à effectuer collectivement pour contrer les violences envers les femmes, de créer des réseaux et d’affirmer la volonté de tous de mettre fin à ces violences.

Objectif spécifique 1

Mettre en place et former un groupe de dix paires éducateurs pour les conducteurs de taxi moto, auto et bus de la ville de Bamako, sur les violences faites aux femmes

Objectif spécifique 2

Briser les stéréotypes et dynamiser le mouvement féministe au Mali par une approche intersectionnelle et l’implication des hommes comme des alliés.
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Le Groupe d'action pour le progrès et la paix est une association internationale présente au Bénin, au Mali, en France et au Canada

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